Courbet. Propos sur le trou
Véritable invitation à revoir le peintre Gustave Courbet autrement, la figure du trou est un motif récurrent dans l'œuvre de l'artiste. Loin d'être un mariage forcé ou une facétie de notre part, l'Ornanais a peint le trou fréquemment sur plusieurs décennies, au point que l'on puisse dire que l'artiste reste l'un de ses meilleurs représentants, bien avant certains plasticiens du vingtième siècle. Rattachées à une histoire dans un temps long, qui reste à écrire par ailleurs, il est devenu urgent de reconsidérer les 1200 œuvres du Franc- Comtois à l'aune de cette entrée. Voilà ce que sera notre posture : ouvrir les yeux, faire un pas de côté afin de mieux se dérouter, se déranger face aux conventions et aux prêts-à-penser. Autrement dit, s'engager sur la piste d'un dé-voir sur lequel on aura à s'expliquer. Il sera question du regard, de visibilité, de ce que produit une œuvre sur le spectateur et la façon dont elle se construit au-delà de l'objet lui-même. Mais ceci n'est possible qu'à la condition que le spectateur prenne au sérieux le motif du trou dans ce qu'il peut nous mettre sur la voie d'une réflexion, au mieux un moyen d'expression à qui il faut redonner une place. Donner corps au trou dans la peinture de Courbet reste un sérieux canal pour mieux comprendre ce qu'est le trou en histoire de l'art et dans le monde des idées.
Photographies de Stéphane Godin